Il est bien difficile d’oublier le mensonge d’État qui a eu lieu lors de la catastrophe industrielle de Tchernobyl. Lors du déni, par les pouvoirs publics, de la contamination du territoire français par les émanations radioactives de la centrale ukrainienne. De la même manière, il est difficile aujourd’hui de ne pas constater la progression du populisme dans toute l’Europe dite démocratique. Une progression qui ne connaît pas de frontière… Un phénomène devenu mondial, chez nous y compris !
Si l’on regarde d’abord tout autour de nous, la France est cernée ! Ses voisins britanniques sont tombés dans le piège du Brexit, les Italiens échaudés par la question migratoire ont choisi l’option des extrêmes, sans parler des Polonais et des Hongrois. Outre-Atlantique, les Étasuniens sont en plein trip trumpiste. Ils ont misé sur un beau parleur, roi du bullshit et de l’audace. Plus récemment, les Brésiliens, excédés après de trop longues années de mauvaise gestion socialiste, disent à leur façon « stop ! »
Mais ici-même, sommes-nous pour autant à l’abri, derrière nos frontières ? Il semble bien que la France ait brandi en 2017 le panneau stop. En barrant la route au FN au second tour (renommé RN). Et aussi (surtout ?) en laissant de côté les petits candidats populistes. Peu importe que l’élection du champion du « en même temps » ait coïncidé avec un taux historique d’abstention. La victoire du jeune Emmanuel Macron fut très nette. Mais cependant, nous avons tendance à croire que le populisme, c’est pour les autres ! Un peu comme au temps de la catastrophe de Tchernobyl et du fameux nuage…
En France il semble que l’on ne tolère le populisme que comme une curiosité marginale, un micro-phénomène. D’où cette image de fantaisie, d’amateurisme voire de déviance des petits candidats du premier tour des élections présidentielles – et de leurs micro-partis. Le peu de crédit des idées divergentes de ces gens-là les relègue au rang des distractions, des farces populistes pour amuser la galerie des commentateurs assermentés. De Jean Lassalle à François Asselineau en passant par Philippe Poutou, tous paraissaient trop petits, trop provinciaux, ou trop normaux pour être pris au sérieux.
Et quoi de plus facile que de tous les taxer de populistes, ces poils à gratter du premier tour ? Histoire de les disqualifier sans autre forme de procès. Ou encore, quand on est un grand média, quoi de plus habituel – malgré les principes égalitaristes – de surfer sur les statistiques impitoyables des sondages pour privilégier l’exposition des favoris au détriment des candidats plus folkloriques, moins bankable. Il faut bien admettre que les dés sont un peu pipés.
La théâtralisation électorale n’est certainement pas une garantie contre la propagation du populisme. Le rabotage du débat démocratique laisse la porte ouverte aux idées simplistes, du pain béni pour le populisme ! Dès qu’il s’agit d’attirer l’attention du grand public, de jouer sur les émotions du téléspectateur, de feindre les appels à la raison, c’est bien à un grand festival populiste que l’on assiste.
Il semble donc qu’il n’y ait pas, jusqu’à preuve du contraire, de barrière contre le populisme. Pas plus en France qu’ailleurs.
Laurent