La démocratie, en phase terminale ?

« Everywhere you look »… Partout où l’on regarde, partout dans le monde, en Europe, en Amérique du Nord ou du Sud, en Afrique (bien sûr, diront certains, malicieusement), en Asie aussi et certainement en Océanie. Partout dans le monde règne une odeur pestilentielle. L’odeur d’un corps putride, presque celle d’un cadavre en décomposition. Ce corps putride, c’est celui qui est sensé nous unir à une cause commune. Ce corps putride, c’est une force collective nommée démocratie (le pouvoir par le peuple, et pour le peuple… du moins en théorie !)

Des mouvements comme Occupy Wall Street aux États-Unis, comme Podemos en Espagne, d’autres qui contre le Brexit, qui pour l’indépendance de l’Écosse, qui pour libérer la Grèce du diktat de la Troïka, qui contre l’establishment italien ou contre le coup d’état néolibéral en France. Qu’ils soient déjà aux manettes ou qu’il en rêvent, les contre-pouvoirs, souvent qualifiés de gauchistes, sont en tout cas la preuve vivante de deux mouvements complémentaires :

  • d’un côté, un mouvement contestataire, qui témoigne de la vitalité critique d’une partie de la population. Comme à son habitude, la contestation a deux visages, l’un pacifique ou non-violent, l’autre plus brutal, à l’image d’un enfant rebelle qui n’accepte plus l’autorité. Dans tous les cas, cette contestation révèle, à qui en douterait encore, qu’une partie de ce vieux rêve nommé démocratie n’est pas totalement moribond !
  • d’un autre côté, un mouvement qui enfle à mesure que la démocratie « classique », sous sa forme représentative (via des intermédiaires à la fiabilité douteuse, convenons-en), s’enfonce dans le mensonge, dans les « deux poids, deux mesures », dans le manque de courage et de vision stratégique. Un mouvement issu de la contestation mais devenu force de propositions alternatives, n’en déplaise aux plus conservateurs d’entre nous, attachés au status quo et à leurs petits avantages.

On nous dit souvent que « la critique est aisée, l’art est difficile ». Et n’en doutons pas, aussi noble soit la mission de représenter le peuple et donc l’intérêt général, rien n’est plus délicat, voire carrément suicidaire, que de se lancer, de nos jours, en politique ! A cela s’ajoute, l’opposition engendrée par des rancœurs croissantes chez les perdants de la mondialisation et chez les « ex-cocos » ou « socialos », toujours pas remis de la chute du Mur (attention nous allons bientôt « fêter » son 30ème anniversaire).

Ainsi les ex-cocos et consorts, cocus de l’après 1989 et de l’anéantissement de l’Union soviétique, ont eu à cœur d’entretenir une critique revancharde du système. Il paraîtrait même que bon nombre de politiciens chez les Verts seraient issus d’un recyclage de chez les Rouges. L’heure de la revanche aurait donc fini par sonner.

Au sein des majorités en place, pourtant, un peu partout, c’est le même constat. Des années d’errance dans le dogme de l’austérité, des coups de rabot sur tout ce qui bouge dans la sphère publique, et surtout, surtout une obsession du court-terme qui ne peut rappeler que celle de la Bourse, ont achevé de déconnecter les élites politiques des préoccupations du terrain.

Malgré tout, de bonnes âmes planent un peu partout, au niveau des municipalités comme au niveau parlementaire. Et surtout dans ladite « société civile », les entrepreneurs, la jeunesse, forment un nouvel élan de solidarité. L’intérêt général et les générations futures ne sont pas qu’un concept vaseux. Car qui souhaite réellement lâcher l’affaire du pouvoir du peuple. Qui serait assez stupide pour déléguer tout pouvoir à une oligarchie aussi minoritaire qu’ignorante et obscure ?

Au fond, tout porte à croire que la démocratie ne s’oppose pas autant qu’on le croirait au capitalisme. Car il est fréquent d’entendre qu’il faudrait choisir entre les deux, que la progression capitaliste aurait fatalement engendré la décomposition des forces démocratiques. En fait la démocratie, à l’instar du capitalisme (en version concurrentiel, non monopoliste), donc une démocratie en version ouverte, toute entière dévouée à l’intérêt général, et non pas rentière ou corporatiste… cette démocratie partage avec ce capitalisme une formidable résilience.

Cette démocratie, directe ou indirecte, semble immortelle ! Seulement ce « bon » capitalisme de même que cette « bonne » démocratie, pour ne pas entrer dans la phase terminale de leur déclin, nécessitent quelque chose d’unique et d’irremplaçable. Il s’agit d’une chose que nous et nous-seuls pouvons apporter. C’est notre engagement. Notre engagement « pour un monde meilleur », sans égoïsme ni lâcheté.

Laurent

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