En l’espace d’un quart de siècle, les soirées télévisées ont fortement changé. Outre l’inflation du choix, avec l’explosion des chaînes, les téléspectateurs ont été plus ou moins forcés de bien vouloir patienter. Jadis la soirée télé démarrait systématiquement vers 20h30, permettant à la plupart des foyers d’avoir tout juste couché les enfants après avoir passé du temps autour du dîner quotidien. Aujourd’hui la même soirée télé démarre au mieux vers 21h00, voire pas avant 21h15. Soit une perte de temps, ou du moins un retard, de quasiment 45 minutes ! Mais qui se soucie encore du sommeil des plus jeunes ?
Alors certes, il est reconnu que nous dormons moins qu’avant. Non que nous ayons, comme par enchantement, appris à économiser du temps de sommeil pour davantage vivre éveillé. Car si c’était le cas, probablement qu’on ne verrait pas autant de cas de surmenage, de stress, de dépressions et autres burn-out ! Ironiquement, alors que la France a fait le choix de la réduction du temps de travail (RTT quand tu nous tiens) et apparaît, statistiquement, parmi les pays les plus productifs au sens de la productivité horaire, tout semble montrer que le temps gagné d’un côté a été aussitôt consommé, sans vraiment savoir s’arrêter.

La nature ayant horreur du vide, nous nous sommes ajoutés une ribambelle d’activités quotidiennes, après le temps de travail et avant la traditionnelle soirée télé. Voilà du moins ce qui pourrait expliquer le glissement horaire, si l’on se focalise sur nos comportements, autrement dit si l’on regarde l’évolution de la demande. Sans oublier le vieillissement de l’âge moyen des téléspectateurs, les nouvelles générations préférant Internet, les jeux vidéos ou les plateformes comme Netflix. Or plus on vieillit, moins on ressent le besoin de se coucher tôt… du moins jusqu’à un âge avancé où l’on retombe quelque part en enfance, au point pour le troisième ou quatrième âge de se coucher « comme les poules ».
Quid de l’offre télévisuelle ? Comme le rapporte le Figaro TV, le glissement de 45 minutes serait à mettre sur le compte de la grande guerre de l’access prime time, avec comme chefs de file Cyril Hanouna et Yann Barthès. Autrement dit leurs émissions alternatives au classique journal de 20 heures ont fini par prendre le relai et débordé de la grille classique. Dans les faits, la distinction entre l’access prime-time (en théorie 18h-20h) et le prime time (20h-23h) ne veut plus dire grand chose. Ainsi Quotidien se décline en plusieurs formats, entre 18h30 et 21h00.
Enfin, n’oublions pas l’importance vitale de la publicité, et qui a quasiment fini par copier le « modèle américain », pour nous revenir en pleine figure toutes les 10 ou 15 minutes…
Bonne soirée télé quand-même !
Laurent
Excellent article, tellement juste ! Le ministère de la Santé ferait bien de s’emparer de ce sujet pour faire la promotion du sommeil.