Après la collapsologie

Pablo Servigne et Raphaël Stevens font figure de chefs de file de la collapsologie. La collapsologie est selon ces deux chercheurs : « l’exercice transdisciplinaire d’étude de l’effondrement de notre civilisation industrielle, et de ce qui pourrait lui succéder, en s’appuyant sur les deux modes cognitifs que sont la raison et l’intuition, et sur des travaux scientifiques reconnus. »

Aux États-Unis puis dans le monde entier, Jared Diamonds s’est fait connaître notamment pour ses recherches sur les civilisations et ses comparaisons entre la vie humaine et la vie sociale. Selon Jared Diamonds, nos sociétés modernes contiennent en elles leur propre poison et les ingrédients de leur propre destruction. Elles sont, tout simplement, mortelles comme d’autres auparavant !

https://reporterre.net/La-web-serie-qui-raconte-l-effondrement-de-notre-civilisatio

Alors que certains optimistes vantent la résilience du système capitaliste, faisant appel aux thèses darwinistes et misant sur la sacro-sainte technologie, rappelons humblement qu’après les Mayas et tant d’autres civilisations ayant connu leur âge d’or puis leur disparition, la société dite occidentale semble bien partie sur une jolie pente descendante.

Renforcement du couple État-Technologie ?

La collapsologie dérange car elle contient en elle de nombreuses sources de frustration, de peur, de honte, voire de colère. Mais, en se basant sur la psychologie sociale, le risque est grand de n’essuyer qu’échecs sur échecs, en mode « ils savaient, pourtant ils n’ont rien fait ». Déjà, en 1928, Aldous Huxley, auteur du célèbre roman d’anticipation Le Meilleur des Mondes, publiait un essai intitulé « Le progrès : comment les accomplissements de la civilisation vont ruiner le monde entier ». Huxley souhaita alerter le monde entier, proclamant que : « Nous sommes riches parce que nous vivons sur notre capital. Le charbon, le pétrole, les phosphates que nous utilisons de façon si intensive ne seront jamais remplacés. Lorsque les réserves seront épuisées, les hommes devront faire sans… Cela sera ressenti comme une catastrophe sans pareille. »

Les mises en garde ne sont pas nouvelles. Qu’on se rappelle aussi des appels à la modération des années 1970, en pleine crise pétrolière. Mais aujourd’hui comme hier, nos rêves de vitesse, de performance et de confort sont sans cesse entretenus par la publicité, la pression sociale et par nous-mêmes, consommateurs-éternels insatisfaits.

Parce que nous vivons peu l’instant présent, toujours à faire des « plans » personnels ou professionnels, et à nous comparer aux autres, nous sommes souvent aux antipodes de la sobriété heureuse. Alors la course à l’échalote se poursuit, comme celle d’un rat dans son cylindre. Et cette course nous distrait tant que le grand choc annoncé demeure imperceptible. Pire, la collapsologie tuerait dans l’œuf tout tentative d’émancipation !

En effet, certains comme Nicolas Casaux s’inquiètent que la collapsologie ne fasse que rassurer les nantis et renforcer la soumission des plus faibles. Car il ne faudrait pas que certains experts autoproclamés en profitent pour laisser croire que quelqu’un détient « la » solution. Alors il faudrait se méfier de tous les donneurs de leçons, garnis de données scientifiques, porte-paroles de la technocratie. Le commun des mortels, lui, n’a pas besoin de chiffres, son bon sens esthétique lui suffit à percevoir les données du problème.

Laurent

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