Peut-on échapper à nos préjugés ?

Les préjugés sont comme un ennemi qui nous voudrait du bien. Ils s’accrochent à nos idées, à nos valeurs, à nos croyances profondes. Les préjugés, aussi, nous permettraient d’accroître notre sentiment d’appartenance, notre désirabilité sociale dans un monde caffi de normes et de stéréotypes. Rappelons qu’un stéréotype est une opinion toute faite, plus ou moins largement partagée par une population donnée. A la différence d’un préjugé, un stéréotype peut être positif ou négatif. Exemple de stéréotypes : «Les filles blondes sont bêtes» – «Personne ne peut battre les Africains au sprint» – «Les trains suisses sont toujours à l’heure».

Les préjugés, eux, sont des jugements, des généralisations qui nous serviraient à simplifier notre compréhension d’un monde complexe. Ils conduisent à des catégorisations abusives et volontairement réductrices. Au plan cognitif, les préjugés semblent inévitables alors que nous sommes tous débordés par un flot continu d’informations. Tout semble montrer que nous n’avons pas le temps ou pas l’envie de nous confronter au monde dans sa diversité et ses nuances. Alors, par pragmatisme ou par paresse, nous prenons le raccourci du préjugé. C’est tellement plus confortable !

En période de crise économique, les préjugés accentuent la radicalisation des positions d’une part des « dominants », gagnants de la mondialisation d’une part et, d’autre part, des « dominés », perdants de la mondialisation. En nous en remettant à des « experts » ou leaders d’opinion triés sur le volet, nous nous réconfortons et confirmons nos croyances sur l’état du monde. Ainsi chaque camp se conforte dans son petit film, sa propre lecture de l’actualité. Et chaque camp de renvoyer la faute « aux autres » !

Tous ces préjugés, intimement liés à nos désirs d’appartenance, nous empêchent toute compassion. Ils anesthésient toute forme d’empathie et nous éloignent de la réalité du monde qui nous entoure. Certains s’enfermeront dans leur bulle économique et matérielle, d’autres dans leur bulle locale ou communautaire, d’autres encore dans leur bulle spirituelle, etc. D’après la psychanalyste Sophie Cadalen : « ils nous épargnent aussi le risque d’exister. Car nous nous réfugions nous-même derrière une représentation socialement construite de ce que nous devrions être en fonction de notre sexe, notre âge, notre profession, notre culture… »

Ce refus d’exister pleinement « traduit l’aliénation à une norme à laquelle on croit ne pas pouvoir déroger, mais à laquelle on souffre de ne pas correspondre assez. » Dès lors, trouver son propre désir, assumer sa singularité en cessant de se réfugier derrière des rôles stéréotypés est un pas indispensable pour pouvoir reconnaître et accepter l’autre dans sa différence. Ce travail de libération est, pour Sophie Cadalen, « le petit combat énorme de toute une vie ».

Laurent

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