Taïwan, comme Singapour et d’autres dragons asiatiques, a la réputation de pays riche, très ouvert à la mondialisation. Une réussite économique liée à ses avancées technologiques. Le Made in Taïwan est souvent associé, non sans raisons, à l’électronique.
Ainsi le géant Foxconn, désormais célèbre assembleur de l’iPhone. Quant au système éducatif, comme un peu partout en Asie, il se veut compétitif, ambitieux et très « connecté ».
Mais depuis quelques années, le gouvernement taïwanais fait face à l’inquiétude grandissante de la société face à un nouveau fléau, lié à l’usage immodéré des écrans chez les plus jeunes. Ainsi plus de 80% d’enfants de l’ancienne Formose seraient déjà myopes.
Cela fait quatre ans déjà que Taïwan s’attaque aux effets délétères des écrans sur la santé et le développement des enfants. Interdit l’usage des écrans jusqu’à l’âge de 2 ans. Limité, l’usage des écrans des enfants comme des ados. A l’ère du laisser-faire, du consumérisme et de l’individualisme ambiant, un gouvernement s’inquiète donc de ce qui pourrait bien devenir un problème majeur de santé publique !

A Taïwan comme ailleurs, que veut-on pour la jeunesse ? Et au final, quelle société voulons-nous ? Une société abrutie par les écrans, dans laquelle les faits et gestes de chaque personne sont contrôlés par une puissance extérieure au libre-arbitre de chacun ?
En 2019, on parle beaucoup d’environnement, de sauvegarde de la planète, d’écologie. Par son approche dirigiste, Taïwan va-t-il inspirer le reste du monde ? Combien de temps de déni, de rumination ou d’indigestion sera nécessaire avant qu’une réaction massive ne se produise ?
Le libre usage des écrans est devenu une… liberté ! Mais face aux nombreux effets sur la santé physique (myopie, troubles du sommeil) et mentale (dépression, troubles de la mémoire et de la concentration, irritabilité, etc.) certains observateurs n’hésitent pas à qualifier l’attitude laxiste des parents de malveillante ! Dans quelle mesure le législateur doit-il cadrer la vie privée des familles ? Peut-on encore se fier au bon sens des parents ?
Plus près de nous, c’est Michel Desmurget, neuroscientifique et directeur de recherche à l’INSERM, qui nous alerte dans La Fabrique du crétin digital, les dangers des écrans pour nos enfants. Il dénonce notre aveuglement collectif et le déni d’une société en mode « we love technology ». Et nous invite à avoir conscience de l’exemple que l’on donne nous-mêmes en présence des plus jeunes…
Laurent