Dans Alice et le Maire, Fabrice Luchini campe un maire paumé, en quête d’idées. Il joue le rôle de Paul Théraneau, un politicard socialiste lyonnais aux nombreuses heures de vol qui « ne sait faire que ça ». Un élu qui ne trouve plus de vision pour sa ville. A l’heure où la presse s’essaie à imaginer « Lyon dans 10 ans », le film de Nicolas Pariser sorti dans les salles le 2 octobre nous présente une équipe municipale au chevet d’un maire en panne de concept.
Pourquoi l’homme d’action politique est-il au bout du rouleau ? Parce que la politique use, ça on le savait. Ce qui, du reste, renvoie à cette folie française, cette tradition de carrière politique au long cours. Mais la perte de « carburant » du maire de Lyon, dans ce film, reflète aussi l’essoufflement chronique de l’opposition gauche-droite.
Et si cette panne d’idée était aussi liée à une perte de confiance ? Car à force d’opérations de com, d’événementiel politique, le grand public n’a-t-il pas perdu confiance en ses élus, même locaux ? Ce n’est donc pas un hasard si, dès le début du film, la jeune recrue philosophe, sublimement jouée par Anaïs Demoustier, diagnostique un manque cruel de modestie. Au fond, n’y a-t-il pas plus immodeste et futile que la politique moderne ?

Très vite Paul Théraneau, alias Fabrice Luchini, est séduit par le regard neuf de sa « responsable des idées ». Loin du sérail de la maire de Lyon, Alice Heimann alias Anaïs Demoustier, n’est pas corrompue par le grand spectacle de la com. Normalienne, elle n’a pas les codes du marketing politique, et ses mots n’ont pas cet arrière-goût de langue de bois.
Dans le rôle de Delphine, une fille de la bourgeoisie locale, artiste à la fois névrosée et terriblement lucide, Maud Wyler donne une touche un peu tragique à certains moments du film. Elle nous rappelle la fragilité des hommes et combien la quête de la vérité peut être douloureuse. Delphine se rebelle suite à sa prise de conscience de la course fatale de notre société vers l’abime, à Lyon comme ailleurs…
Mais Delphine n’arrive pas à faire passer ses idées à monsieur le maire. Pourtant elle rêverait que cette ville devienne leader en termes de transition écologique. En révélant à son amie Alice que Delphine a dû être internée, le compagnon de Delphine s’interroge si c’est sa folie qui lui fait voir la vérité, ou si c’est la vérité qui la rend folle.
Laurent