La théorie du ruissellement prétend que l’enrichissement des plus riches, grands patrons du CAC40, start-uppers nationaux à succès et autres faiseurs de licornes, va in fine contribuer au reste de l’économie et donc aux acteurs économiques plus. Excellente nouvelle pour tous !
Seulement il existe un petit problème : d’après Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie et ancien chief economist du Fonds Monétaire International, cette théorie n’existe pas dans les faits ! Mantra néo-libéral, la théorie du ruissellement est donc une promesse, une espèce de parole en l’air. Pourtant, dans cette vision, la fortune des plus riches ne se ferait pas aux dépens des plus pauvres. Tant mieux, si tel est le cas…
La consommation ainsi que l’épargne abondante des plus riches (les plus riches étant particulièrement capables d’épargner puisque leurs ressources dépassent largement leur consommation), contribueraient spontanément au restant de l’économie. Avec le ruissellement, il y a cette idée simpliste du ruisseau qui s’écoule de haut en bas et alimente les rivières et les fleuves sensés représenter les classes moyennes et les plus modestes.

Dès lors, à quoi bon matraquer fiscalement les classes les plus aisées ? Cette théorie, que rien ne semble valider dans la pratique, a pu servir d’argument pour limiter la pression fiscale des plus fortunés, aussi bien en France qu’aux États-Unis. La tendance, depuis ladite crise de 2008, a été la suivante : si les classes moyennes ont connu la stagnation voire le déclin, les happy fews, eux, ont bénéficié d’importants coups de pouce (dérégulation, allègements fiscaux, etc.) et d’une hausse certaine de leurs revenus.
Dans le discours et, plus encore, dans l’action des gouvernements néo-libéraux, la théorie du ruissellement ressemble donc beaucoup à un argument fallacieux, un prétexte facile car compréhensible par le commun des mortels. Le problème avec l’économie moderne c’est que, bien souvent, elle se donne de faux airs de science alors qu’en fait elle n’est bien souvent basée que sur un ramassis de croyances.
Laurent