Quand l’Histoire fait diversion

Dans son livre Historiquement correct, Jean Sévillia repeint une grande partie de la façade de nos connaissances ou de nos lointains souvenirs d’histoire. L’auteur et historien ne se fait pas que des amis au passage, quand il revient sur des totems de notre mémoire collective, de l’Inquisition à la Révolution française ou encore Mai 68.

Dans un passage au sujet de la colonisation de l’Amérique du Nord et du Sud, il s’appuie sur quelques chiffres qui fond un peu froid dans le dos… Ainsi il rétablit le massacre en règle des Indiens d’Amérique sur le continent Nord américain. Leur grand remplacement a été si efficace qu’à peine 1% de la population des États-Unis serait d’origine indienne. L’état fédéral aurait reconnu que ladite conquête de l’Ouest aurait coûté la vie à pas moins de 17 millions d’Indiens. Un véritable génocide, au cours du XIXème siècle.

En s’appuyant sur son confrère Pierre Chaunu, spécialiste de l’histoire des civilisations, l’auteur souligne qu’au Mexique, 29% de la population serait d’origine indienne, et 55% métis. Au Pérou, elle serait respectivement de 46% et de 38%. Jean Sévillia avance donc la thèse que ledit génocide en Amérique hispanique n’aurait pas véritablement eu lieu. Il faut dire que cela s’est passé quelque trois siècles plus tôt. Que l’appétit d’espace et de ressources était certainement supérieur trois siècles plus tard, en pleine révolution industrielle !

Mais Jean Sévillia ne manque pas de souligner que, du Nord au Sud de l’Amérique, la relation entre colonisateurs et colonisés fut, au plan légal, fort différente. L’Amérique espagnole protégeait les Indiens en préservant leurs droits de propriété terrienne. De telles dispositions furent absentes en Amérique du Nord, ce qui facilita l’expansion coloniale.

Pierre Chaunu aurait ainsi déclaré que « l’Amérique non ibérique et l’Europe du Nord se libèrent de leur crime sur l’autre Amérique et l’autre Europe ». Ou comment faire diversion aux yeux de la mémoire collective. Cela ne devrait pas pour autant plaire aux descendants des Amérindiens du Sud ou du Centre. D’après des chercheurs, la principale cause de mortalité au moment des invasions notamment espagnoles aurait été d’origine microbienne ou virale (épidémies de variole, typhus, diphtérie, grippe, etc.) Il n’empêche, dans un cas comme dans l’autre, la prédation d’une civilisation sur une autre est patente.

Laurent

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