Où trouve-t-on les pires vendeurs sur Terre ? Dans quel secteur, dans quel pays ? Est-ce une question de tranche d’âge ou de date de péremption ? Ne cherchez plus ! Certes, il est vrai qu’à l’ère antique, Mercure veillait autant sur le sort des voleurs que des marchands, et qu’aujourd’hui encore la profession commerciale n’a pas toujours la cote en termes de représentations collectives. Mais faisons un pas de côté et sortons de la sphère des pros de la vente.
Les pires vendeurs sont ailleurs. D’une espèce qui cherche tout autant la lumière que les commerçants et les camelots. D’une espèce qui brille, ou cherche à briller, par sa tchatche, ses talents en matière d’éloquence. Dans le milieu artistique ? Pas même. Pourtant vous l’aurez deviné, les pires vendeurs ne sont pas dans le monde du commerce. Encore moins dans l’Art. Mais oui, en politique. Une vente à l’arrachée, mais tout à fait légale, d’idées au service de l’intérêt commun et donc des affaires publiques !
Politiciens et autres politicards sont en effet bien plus médiocres au plan humain. Ils sont faux, du fait d’un égo surdimensionné qui ne laisse que peu de place à l’autre, du fait d’un carriérisme désastreux pour l’intérêt général. D’où le peu d’estime du grand public et des taux d’abstention record.
Tandis qu’un vendeur avec un peu de bon sens et d’expérience cherchera à écouter son client, à le satisfaire et à le fidéliser, le politicien, lui, n’a cure de tous ces beaux principes. Exit l’empathie, exit la compétence, qui caractérisent les meilleurs commerciaux. Et si peu le gratin de la politique professionnelle !

A l’heure du storytelling, qui envahit les rangs du marketing et de la vente, les politiciens, avec un sacré train de retard, l’usent au pied de la lettre – raconter des histoires, toujours des histoires. Mais alors, faut-il donc reléguer les politiciens au niveau des charlatans, des bonimenteurs ? L’affaire est compliquée, et elle le demeurera tant que la course au sommet sera accompagnée de tant d’argent et de passe-droits : retraites dorées, impunité judiciaire, pantouflage – comme notre ancien Premier ministre et actuel maire du Havre vient de le montrer.
Mais revenons juste sur un point de détail, lourd en conséquence. Dans le commerce, tout vendeur aguerri sait très bien que la conclusion du contrat n’est pas une fin en soi, mais un simple point de départ dans sa relation avec le client. En politique, une victoire électorale cristallise toute l’attention et la passion des protagonistes, du grand public et, bien entendu, des médias. Au centre de ces divergences fondamentales il y a la promesse.
Quelle importance accorder à la promesse, qu’elle soit commerciale ou électorale ? Comme dans le Corbeau et le Renard de Jean de La Fontaine… tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. Cela vaut bien un fromage, sans doute !
Laurent