Refaire le monde. Encore et encore, jusqu’à plus soif. Soif de curiosité et d’explications. Soif de réécrire l’histoire, comme ces déçus footballistiques qui ne peuvent s’empêcher de revenir en arrière. Non pour admirer un beau dribble et un joli but. Mais pour ce rêve un peu fou d’avoir le pouvoir de changer les choses, dans un sens qui nous paraît plus juste, plus acceptable !
Si on refait le monde, c’est aussi pour conjurer le mauvais sort. Pour lutter contre le désespoir d’un monde qui ne tournerait pas rond (selon nous), on rêve de revoir les événements passés. C’est parfois vertigineux car on ne sait vraiment jusqu’où remonter notre petite enquête personnelle. Si l’on tire sur la pelote de laine de l’Histoire et que, par inadvertance, nous revoilà à l’Antiquité, alors autant dire que l’entreprise de réfection s’annonce fort hasardeuse ! Si l’Histoire ne fait que se répéter, alors à quoi bon ? Si les hommes n’apprennent pas, alors pourquoi chercher à comprendre ? Vanité…

Le contexte, toujours le contexte. On regarde le monde d’hier avec nos yeux d’aujourd’hui. Le contexte d’alors nous est impossible à assimiler, il est comme un filtre hors de portée. Un obstacle infranchissable entre le temps présent et le temps passé. Mais on s’entête. C’est plus fort que nous ! Notre dépendance au récit, au story telling, nous embarque en dépit de notre sagesse intérieure.
Enfin, le passé est définitivement derrière nous. Il y a certes des traces, des fossiles, des scories, un héritage du passé. Mais à quoi bon cette entreprise d’archéologie tandis que le présent est là, juste là devant nous ? Comme un animal de compagnie qui s’impatienterait à nous attendre pour partir en promenade. Que fait-on encore, à le faire ainsi poireauter ? C’est ici et maintenant que cela se passe !
Oui mais trop c’est trop. Trop d’erreurs du sélectionneur. La partie adverse, nous semble-t-il, a triché. Le hors-jeu n’a pas été sanctionné par l’arbitre. Mais qui est-on au juste pour juger du passé ? Le patron du club adverse aurait corrompu les organisateurs et acheté le match. Bref ce sport est vraiment naze…
Alors quand aura-t-on la sagesse de refermer, simplement, cette étrange lucarne ?
Laurent