Du bac au bachelor

Le baccalauréat. Que n’a-t-on dit sur ce diplôme en perte de vitesse, sur sa valeur intrinsèque en déconfiture, son coût astronomique et ses réformes sans fin ? Le bac, pour les intimes. Et puis le bac « à la carte », pour épicer encore plus l’affaire et perdre davantage les parents dépassés et leurs enfants blasés. Mais en ces temps d’innovation et de rupture, voilà qu’une fois de plus notre salut allait venir de l’extérieur, d’autres pays plus futés ou plus modernes que l’Hexagone…

Alors voilà, le baccalauréat se meurt bien qu’il continue de se mouvoir encore un peu. Les filières alternatives au bac dit général ne désemplissent pas. C’est toujours mieux que de laisser des hordes de lycéens décrocheurs errer dans la rue toute la journée, ou hypnotisés devant leurs écrans, soit ! Mais ensuite alors ?

Ensuite, la réforme du paysage post-bac mise beaucoup sur un néologisme et un anglicisme : le bachelor. Alors les puristes vont s’exclamer, mais non, le bachelor n’a rien à voir avec le baccalauréat ! Pour le bac, comme le bachelor, appartiennent à la grande famille des diplômes historiquement délivrés par l’Université. Eh oui, si le bac se passe à la fin du lycée, il n’en est pas moins l’apanage de l’Université, tel un pass exclusif pour les études supérieures. La dénomination de bachelor – alors en France s’est contenté de nos licences pendant des décennies – surfe sur la vague globish.

Dans le fond, le marketing du bachelor (donc ex-licence) répond à une ouverture du marché au privé, alors que longtemps seuls les bac+5 (autrement dit les « masters ») avaient été ouverts à la concurrence. Comme pour l’électricité, l’ouverture à la concurrence au lieu de faire baisser les prix allait les faire monter ! Étranges lois de l’économie de marché…

Alors que le baccalauréat change sans vraiment changer, le bachelor, quant à lui, est une vache à lait pour les établissements privés, un peu à l’image de la descente en gamme (stratégie de volume) des grands constructeurs allemands (classes A et B chez Mercedes-Benz, A1, A2 et A3 chez Audi, etc.) Un placement sûr pour fonds de pensions et autres investisseurs.

La perspective d’une carrière de rêve, promesse d’un avenir radieux dans un monde au bord du décrochage, la fourniture moyennant finances des clés pour comprendre le nouveau monde du business, voilà bien de quoi occuper nos jeunes bacheliers, trois années durant !

Au fond, si vous étiez un peu fébrile encore, bac en poche, laissez-vous tenter par le bachelor. Résultats garantis !

Moralité, la massification de l’enseignement a de beaux jours devant elle…

Laurent

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