Troubles de l’attention, déficit de concentration, difficultés à rester « focus » plus de quelques minutes… Les étiquettes ADHD (en anglais, TDAH en français) fleurissent. Elles mettent l’accent sur une tendance supposée à avoir de plus en plus d’élèves en difficultés dans le système scolaire conventionnel. Ajouté à l’explosion des « dys », la question de la concentration en milieu scolaire renvoie à la sempiternelle question de l’adaptation de l’école dans un monde en mutation.
La faute à qui ? A une nourriture déséquilibrée depuis le plus jeune âge ? A un environnement pollué et donc dégradé ? A l’effondrement de l’autorité et à l’explosion des « valeurs » individualistes ? Et si ces troubles de l’attention étaient le résultat d’un manque accumulé d’attention générale, de la part des parents et de la société en général ? Le résultat de décennies de manquements et d’oublis ?
Combien de temps d’interaction qualitative entre enfants et parents demeure chaque jour ? L’on sait que le temps d’écran, modéré à l’époque d’avant Internet et d’avant le smartphone, explose. Et l’on sait aussi que le temps de sommeil s’est retrouvé réduit. Et puis, plus subtilement peut-être, le temps passé à manger ensemble semble s’être évaporé, alors que paradoxalement le Covid nous avait cloué à la maison et que les vidéos de cuisine ont le vent en poupe. L’interaction, elle, est prise en étau et se raréfie.
Il y aurait en somme un marché de l’attention, marché désormais « trusté » par les géants de l’Internet, les écrans et les réseaux sociaux. Et il ne resterait qu’une portion congrue dans le monde réel, entre enfants précocement suréquipés et parents systématiquement connectés à leur travail puis à leurs plateformes de streaming préférées.
La tendance libérale en mode « laisser-faire » (pas si « libérale » quand on y réfléchit, au vu des injonction au tout numérique, aux sommes faramineuses pour promouvoir le marché du digital partout, tout le temps…) semble avoir triomphé des velléités régulatrices. Et au bout du chemin, in fine et comme chaque fois, le Droit est complètement à la traîne face à la transformation de la société. A moins que l’État n’ait tout bonnement botté en touche ou rendu son tablier ?
Dans quelle mesure les enfants continuent-ils à avoir confiance dans le monde des adultes, à commencer par leurs propres parents et leur entourage domestique ? Est-ce que les enfants d’aujourd’hui se sentent autant en sécurité que les générations passées ? On pourrait évidemment s’attacher à la triste actualité d’un monde encore et toujours en guerre… même s’il encore un peu tôt pour reparler de guerre mondiale, certes ! Mais n’oublions pas que même si les enfants n’ont pas forcément les mêmes grilles de lecture logiques et rationnelles que les adultes, ils ressentent les choses et ne sont pas dupes.
La question de la confiance est donc là, comme une évidence mise à nu. Si la confiance est fragilisée du côté des plus jeunes, alors l’anxiété apparaît devant eux telle une image persistance. Alors que faire, sans abandonner les enfants, et par ricochet les surexposer de manière trop crue, au monde tel qu’il est ?










