Le monde actuel est peut-être en train d’atteindre le pic de la mondialisation économique. Bien sûr, en haut lieu, on continue d’y croire encore, enfin, on veut garder bonne figure ! Mais les pulsions protectionnistes reviennent, en réaction aux excès libéraux. Nous avons vu l’OMC et les négocations multilatérale capoter depuis déjà 10 ans. Nous n’avons pas fini de voir s’affronter la Chine et les Etats-Unis d’une part, et les mêmes Etats-Unis et l’Union Européenne de l’autre, essayant de temps à autre de faire avancer le libre-échangisme bilatéral. Faute de grives… Pendant ce temps, la guerre économique fait rage et s’accompagne d’une guerre juridique et diplomatique, redonnant un peu la main aux Etats.
Des « progrès* » dans les négociations internationales verront encore le jour, mais de nombreux sujets resteront sur le bas-côté : la lutte contre les émissions de CO2 (dont l’explosion n’est qu’un des nombreux effets secondaires de la mondialisation), la diffusion des OGM, la protection des données individuelles entre autres, la santé des populations (forcément impactée par la mondialisation).
La société américaine a déjà beaucoup de mal, faute de pouvoir interdire l’exploitation des OGM (voir ou revoir le Monde selon Monsanto), d’en réguler l’usage et d’imposer des contreparties comme l’étiquetage et donc la transparence pour le consommateur. Le lobby de l’industrie « phyto » (traitements, engrais, semences) est parfaitement organisé et bien installé à Washingon. Cette industrie au-dessus des lois (ayant elle-même « force de loi ») représente un nouveau trust ou cartel un peu à l’image de ce que fut la Standard Oil il y a un siècle.
Du grain aux hydrocarbures. Les grandes compagnies pétrolières sont aujourd’hui prises à la gorge du fait de nouvelles sources d’énergie carbonée (gaz de schiste, schistes bitumineux) qui impliquent des conditions d’exploitation nouvelles, gourmandes en énergie et pas forcément rentables. Les gaz de schiste se substituent au charbon ce qui en abaisse le prix et augmente son recours en Europe. Et on creuse dans l’arctique malgré l’opposition de Greenpeace, jeté au goulag d’un revers de la main. Après Vlad’ le déluge…
Aux Etats-Unis, le bras de fer des lobbies ne fait que commencer, entre les pro-gaz et les pro-environnement.
Chacun brandit ses arguments, repris par les gouverneurs locaux en fonction de leur penchant naturel et de leur obédience politique. Et revoilà le pouvoir fédéral pris à la gorge : faut-il choisir entre sauver la planète (ou du moins, soyons humbles, ne pas aggraver la situation) et sauver nos emplois interrogeait Xavier Timbaud. Privilégier le présent, en hypothéquant l’avenir ? La même interrogation existe chez Obama, Merkel, Hollande, Cameron et les autres. Le gouvernement britannique exprime son soutien à BP qui négocie par hordes de lawyers interposés (c’est la tradition US, tout se négocie même au Tribunal) l’abaissement des dommages-intérêts après avoir pollué abondamment les côte du Golfe du Mexique. Well done, guys ! On retrouve les liaisons incestueuses entre pouvoir politique et pouvoir économique. Et tant pis pour le simple riverain. Franchement, quelle idée de vivre à côté d’une plate-forme pétrolière ou d’un puits de gaz !!
C’est finalement la société tout entière qui se retrouve prise à la gorge. L’inquiétude monte chez les plus jeunes, tandis que chez les anciens, même les plus aisés de nos retraités ne se sentent guère plus « à l’aise » ! Elles sont bien loin nos Trente Glorieuses. Après la prise de conscience, l’action, ou bien ?[adopter l’intonation helvétique]
Comme disait Churchill : « Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur. » A moins de tout remettre à plat…
Laurent
* Le progrès est toujours discutable, jamais totalement juste.
NB : Quelques pistes originales (originelles ?) pour relever la tête et redonner du sens :