Le houmous qui rassemble

La France, pour se remettre chaque semaine de ses émotions économiques, politiques et sociales, réhabilite sur les écrans de télévision la « grand messe » de la cuisine. Soit dans une version gastronomique (pour rêver ou épater la galerie), soit dans une version populaire (pour donner du sens à nos assiettes). Pendant ce temps-là, de l’autre côté de la Méditerranée, la cuisine s’invite à la table de la diplomatie. Carrément ! Là où un demi-siècle de diplomatie tronquée continue de patauger dans la semoule, au Proche-Orient c’est la cuisine locale qui tente de s’imposer comme vecteur de paix. Ainsi Israéliens, Palestiniens et Libanais sont-ils conviés à partager leur goût commun pour… les pois chiches ! Le concours du plus grand houmous a été lancé, dépassant les vieilles querelles de clochers, minarets et autres synagogues. D’ailleurs synagogue signifie « assemblée » en grec ancien, et à chaque culture son assemblage d’ingrédients pour réaliser ce délicieux mezze. Pour Trevor Graham, initiateur en 2011 de « Make hummus not war », la nourriture de l’amour peut être facteur de paix.

houmous

Ce festival de saveurs, entre la douceur des pois chiches, du pacifique tahiné (crème de sésame), le tout agrémenté d’huile d’olive et relevé avec le paprika et l’ail, a de quoi apaiser les tensions. Et raviver la flamme de la fraternité. Dans son enquête intitulée « Faites du houmous, pas la guerre », Lucie de la Héronnière relate ainsi les bonnes volontés. Comme un appel à la raison qui s’appuierait sur la culture locale (la seule culture durable ?) et le partage, autour d’émotions fortes et d’un sentiment d’unité.

Comment la Méditerranéenne, berceau de tant de civilisations millénaires, saurait-elle passer à côté d’un tel rappel historique et culturel ? N’y a-t-il pas davantage de points communs, telle cette délicieuse cuisine méditerranéenne, que de sujets de divisions et de discordes ? Plus au Nord-Est : à quand le concours du plus grand bortsch du monde ? Une invitation, aux confins de l’Europe, pour les peuples d’Ukraine, de Biélorussie et de Russie à s’affronter pacifiquement ? A quand aussi le retour de la tradition qui relie les gens, face à l’illusoire liberté portée par la modernité totale et la standardisation de la culture, devenue marchandise ? Le bortsch fait parfois honte aux Polonais qui tournent le dos à la tradition locale, au profit des pizza, hamburgers et autres sushi. Mais tout comme la cuisine méditerranéenne, la cuisine slave mérite de survivre à la mondialisation et aux querelles inutiles. Question de diversité et d’identité locales.

Bon appétit. Voir aussi http://www.makehummusnotwar.com/chickpeace.html

Laurent

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