La mode avait jusque là échappé au phénomène de masse que l’on observe depuis une dizaine d’années dans la rue en Europe : le port du Hidjab ou foulard qui cache les cheveux et le cou des femmes. Inconnu ou presque il y a vingt ans en France, bon nombre de femmes se sont mises à le porter, contraintes ou volontaires, au nom d’un Islam pas toujours clair sur la question puisque toutes les musulmanes ne le portent pas, loin s’en faut, tout comme les catholiques ne se couvrent plus les cheveux pour aller à la messe. Le foulard est devenue une mode, c’est vrai, dont H&M s’est emparé, pensant prendre un tour d’avance sur les marques concurrentes. Mais c’est d’un archaïsme beaucoup plus fort dont la marque suédoise s’est emparée.

Sans rentrer dans le débat de celles qui le portent par choix, force est de constater que beaucoup le portent de force, que ce soit en France ou dans de nombreux autres pays. Certaines viennent le dénoncer à la tribune de l’ONU à Genève, tout en gardant sur la tête, ce foulard qu’elles considèrent comme une prison, mais qu’elles gardent par sécurité, au cas où des photos les compromettraient, de retour dans leur pays.

Beaucoup dans le monde, sont battues, enfermées, lapidées, pour ne pas porter ce foulard, qui bien sûr, n’est réservé qu’aux femmes. Nul ne peut affirmer que le foulard est majoritairement un choix pour les femmes dans le monde. Et ne parlons pas du Niqab et de la Burqa, voire du Tchadri qui enferme les femmes derrière un grillage en Afghanistan. Comment peut-on expliquer au monde que cacher les femmes est légitime et contribue à réduire les inégalités hommes-femmes partout encore constatées ?

Afficher cette pub comme un symbole de modernité marque donc ô combien un recul dans la prise de conscience et l’émancipation des femmes dans le monde. H&M s’est pris les pieds dans le tapis de la mode et a ouvert une brèche dans laquelle d’autres vont s’engouffrer.

Mais encore une fois, les femmes n’auront rien à gagner dans cette perte insensible de pouvoir.

Christèle