On connaissait le plombier polonais, cette menace surfaite pour l’emploi en Europe de l’Ouest, symbole du dumping social au cœur de l’Union. Voici venu l’agriculteur polonais, fraîchement reconverti en moissonneur des neiges, ou « nivoculteur ». D’après nos sources, il s’agirait d’un business très lucratif, profitant de la vague de froid qui s’est abattue sur la moitié Est de l’Europe, alors qu’à l’Ouest la douceur reste bien installée.
La Pologne est un grand pays agricole, et en ce moment, ses terres enneigées sont inexploitées, en attendant le printemps. Pendant ce temps la France, comme la plupart des pays de l’arc Alpin, souffre d’un déficit de neige. Le bilan économique des vacances de Noël dans les stations de ski est catastrophique. Une menace pour les communes, pour l’économie touristique et pour les emplois locaux. C’est là que l’offre polonaise tombe à pic !
SAUVER LES SPORTS D’HIVER
Rappelons que le tourisme est un des piliers de l’économie française, qui depuis des décennies avait permis de sauver la face. Sauf que la tragique année 2015 vient d’engendrer une crise de confiance de la clientèle étrangère. Une frilosité qui touche aussi la clientèle française, qui tendanciellement avait déjà pris ses distances vis-à-vis des sports d’hiver. Alors il ne manquerait plus que, loin de Paris, nos chères stations de ski se montrent incapables d’accueillir convenablement une clientèle exigeante et de mieux en mieux informée, webcams à l’appui. Attention au buzz sur le manque de neige. Il pourrait être ravageur, malgré la propagande béatement optimiste de certains sites commerciaux dont nous tairons le nom.
NIVOCULTURE LOW COST
C’est en pleine nuit, à l’heure où skieurs et riverains dorment profondément, qu’aura lieu ce grand ballet magique de la neige polonaise. D’un côté, la collecte de l’or blanc, au pays du charbon, une activité éphémère mais tellement profitable. Quelques heures de route plus tard, au pied des pistes, des camions immatriculés dans plusieurs états de l’UE – pour tromper l’ennemi ? – déverseront des tonnes de neige toute fraîche, une aubaine pour toutes ces stations en manque d’or blanc. Puis les dameuses prendront le relai, pour blanchir le bas des domaines skiables, là où les carences en neige sont les plus criantes, là où les canons à neige sont cet hiver, douceur obligé, au chômage technique.
Le lecteur incrédule pourra regretter le manque de considération environnementale (encore des camions, du pétrole pour le transport, encore des délocalisations et une concurrence déloyale). Mais la montagne est un symbole et les sports d’hiver, activité chérie par nos élites, n’ont pas de prix…
Alors cette neige importée de Pologne, intox ou info ? A vous de juger !
Laurent