A la fin de la Première Guerre mondiale, une infection virale venue des États-Unis frappa violemment l’Espagne. La pandémie fut baptisée « grippe espagnole » et aurait causé des millions de morts. Un siècle plus tard, une fièvre d’un autre genre, régionale et indépendantiste, s’est abattue sur la Catalogne. Que se passe-t-il chez nos voisins, dans un pays chroniquement miné par la difficulté de l’État central à contenir la diversité de Communautés autonomes ? Cette fièvre est-elle contagieuse, et connectée à d’autre sautes d’humeur populaires ?
Comparée à la France, et son état central au long cours, l’Espagne fait figure de jeune démocratie. Depuis la fin de franquisme, le pouvoir de Madrid s’est régulièrement heurté à la fièvre indépendantiste du Pays Basque espagnol, ETA en tête. Mais cette-fois c’est donc la Catalogne, certes moins violemment, qui a fait parler d’elle. Et le même pouvoir de Madrid, qui a joué aux apprentis-gestionnaires de crise. Maladroitement, attisant parfois les tensions de la rue.
Après les pulsions écossaises, le « saut vers l’inconnu » du Brexit et les référendums italiens, le sort de l’unité espagnole n’est toujours pas fixé. En réalité, c’est la notion même d’échelon national qui a tendance à flancher, à mesure que l’Union Européenne et son projet fédéral (à l’image de l’Allemagne et de ses Länders) progresse. En France aussi, alors qu’on n’en sort pas de la décentralisation et du mille-feuille administratif, la nation a du plomb dans l’aile même si elle fait tout son possible pour sauver les apparences.