Les trottinettes électriques en libre-service sont les nouveaux passagers clandestins des métropoles. Les services de location de trottinettes électriques foisonnent à Lyon (4 fournisseurs bataillent dur à conquérir le territoire) comme à Paris (9 fournisseurs), et un peu partout ailleurs dans le monde. Elles font le buzz en centre-ville. Et intriguent les habitants des zones périurbaines, jusqu’ici laissés pour compte. Car le marché intramuros est beaucoup plus juteux !
Autant dire que jusqu’ici, les trottinettes électriques en libre-service participent assez mal à une mobilité équitable. Bien au contraire ! Il faut dire qu’à près de 10€ de l’heure, ces nouveaux gadgets électriques ciblent davantage quelques bobos technophiles que le commun des mortels, qui s’y retrouve davantage avec les transports en commun (moins de 2€ de l’heure) ou encore les vélos en libre service (5€ la journée).
Les trottinettes sont disruptives. Certes on avait pu croiser quelques exemplaires achetés par des particuliers « early adopters ». Mais en version massive, personne ne les avait vu venir, au sens propre comme au figuré. D’où des accidents, plus ou moins graves. D’où aussi des questions d’aménagement urbain : qui va payer l’installation d’équipements pour mieux contenir la déferlante de ces objets qui encombrent l’espace public ? Est-ce juste une mode passagère ? Faut-il vraiment de tels aménagements et comment taxer ces opérateurs, cousins d’Uber et d’AirBnB ?

Certains parlent de privatisation de l’espace public. D’agression insupportable vis-à-vis des piétons, historiquement « dernière roue du carrosse ». On pourrait néanmoins leur rétorquer qu’avec moins de 1% de part modale, la trottinette reste un tout petit prédateur urbain comparé à… l’automobile et des autres modes lourds !
Les pouvoirs publics sont dépassés par l’arrivée en masse de ces petits mobiles. Au-delà de l’entreposage, reste l’épineuse question de la circulation. Soit on cantonne les trottinettes au trottoir, au détriment des piétons, éternels « dindons de la farce urbaine ». Soit on les oblige de rouler à même la chaussée, mais alors… « attention danger ! » Mais alors il faudrait probablement généraliser la limitation de vitesse à 30 km/h voire 25 km/h.
Les partisans de la trottinette électrique prônent un nouveau moyen de transport, complémentaire aux moyens « lourds », plus écolo, plus silencieux. Il n’y a aucun doute sur ce dernier point. Mais la vente n’est-elle pas un peu plus responsabilisante pour les usagers que la location de courte durée ?
Et quid du bilan environnemental d’un nouveau gadget importé d’Asie du Sud-Est, dont la durée de vie moyenne ne serait que de 28 jours ? Au final, le piéton et le cycliste n’ont probablement pas dit leur dernier mot…
Laurent