A Lyon, nous avons rebaptisé Confluence un jadis modeste quartier au fin fond du IIème arrondissement, au Sud de la verrue de l’ingénieur Perrache. Là où convergent Rhône et Saône. Nouveau quartier en pleine boboïtude avec son projet de « smart grid ». A sa pointe, vous ne manquerez pas d’apercevoir son symbolique Musée, archétype du design moderne d’avant-crise. Son budget aussi a dû être ficelé avant-crise. Sujet tabou et discordieux entre le Département et l’intercommunalité. Lyonnais amateurs d’art moderne, n’ayez crainte : son coût sera de toute façon (sauf catastrophe majeure) miraculeusement absorbé par notre préférence pour l’impôt, spécialité non-seulement lyonnaise, mais nationale ! Un micro-problème de riches.

Là où les eaux souvent troubles de la Saône se mélangent avec les eaux bleu-vert du majestueux fleuve Rhodanien, la Confluence est sensée incarner une certaine mixité, un mélange des cultures et des genres. Une convergence !

Non loin de là, une nouvelle passerelle enjambe le Rhône, pour gagner le quartier de Gerland, jadis malfamé et où convergeaient des centaines d’ouvriers transalpins à qui les fabriques et autres ateliers locaux ont permis de vivre, fuyant la misère de leur pays.

A l’instar de la région Rhône-Alpes et de ses cousines transalpines, margré de forts contrastes, l’Italie et la France dans leur ensemble sont devenus des économies riches. Très riches. Ces deux pays sont arrivés à maturité économique. L’histoire parallèle de ces deux territoires est intéressante, quand on sait qu’à l’Antiquité, même en l’absence de comptabilité nationale, Rome devait être, des siècles durant, bigrement plus riche que Lutèce. Au Moyen Age, Paris finira par dépasser Rome, même si au Nord de ce qui allait devenir l’Italie Venise et Florence connurent une prospérité de rang mondial. Puis la jeune Italie du début du XXème siècle restera « sous-développée » par rapport à la France. Mais de nouveau le rattrapage se fit et en 2001, le PIB italien dépassait son homologue français ! Une décennie plus tard la France est repassée devant. Pourquoi cette comparaison ? Pour montrer que rien n’est gagné d’avance. Rien ne dit que la France ne va pas demain décrocher, si ce n’est en valeur absolue, du moins en valeur relative (PIB/habitant) face à des pays comme l’Italie ou l’Espagne. Caramba !

Assez discrètement, quelques économistes et des statisticiens préparent une refonte de la comptabilité nationale. Restons modestes, il ne s’agit pas d’abandonner le PIB pour je ne sais quel exotique BIB. Nous Français sommes bien trop cartésiens, pas assez…Bhoutanais ! (les plus curieux ont lu l’article à ce sujet)

La comptabilité n’est qu’une représentation du réel. Pas le réel. On se met d’accord sur un plan comptable, et c’est parti. Aussi, souhaitant dépasser voire transgresser les normes, certains originaux comme Hervé Kempf considèrent que « le compte n’y est pas ». Non seulement le PIB est périmé, mais il sent mauvais. Il faut le jeter à la benne. Et qu’on se le dise, ce serait une illusion que de croire en sa croissance infinie ! Physiquement impossible. Globalement, l’horizon économique et social serait celui d’une « Grande Convergence » entre tous les pays du monde.

Encore de la Science-fiction ? Dépassé le clan des « riches » et celui des « pauvres » ! Fini les crève-la-fin d’un côté et les anciens ou nouveaux riches de l’autre. Heureux les « moyens », bienvenus au club !
Leur nombre va exploser. Car au terme de cette convergence – qui n’est pas un rattrapage, une illusion de plus – nos descendants de la race humaine seront tous MOYENS. Homo medius ? Pas très sexy comme appellation, il va falloir trouver plus vendeur !

Laurent

www.wedemain.fr/La-Grande-Convergence-selon-Herve-Kempf_a174.html