The French Connection

Le monde est un terrain de jeu pour les grandes entreprises de tout secteur d’activité. La mondialisation peut être considérée comme un progrès dans la mesure où la circulation des biens, des capitaux, des idées (sans oublier celle des hommes et des femmes) n’a jamais été aussi simple et si intense. La concurrence est omniprésente et les territoires se livrent à une danse du ventre systématique pour attirer les fameux IDE*. Tout devient plus simple et tout s’accélère. Le temps court prend le dessus, mais attention…

Dans un contexte de pénurie énergétique (« l’énergie est notre avenir, blablabla… »), de difficultés croissantes sur le marché du travail (à l’exception d’une minorité au talent rare) et de coûts qui virent à la hausse, l’énergie sera toujours l’un des principaux talons d’Achille du développement économique. Les économistes, par méconnaissance ou par aveuglement, ont souvent laissé de côté cette question énergétique, pourtant à la base de l’activité économique. Fabrication, transport, consommation : chaque étape est forcément énergivore, en particulier lorsque le commerce est très internationalisé, et notre mode de vie urbanisé. Ce qui fit le succès des Alstom, Vallourec et autres Total…

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A l’heure où l’écart de croissance de part et d’autre de l’Atlantique est de plus en plus béant, donc visible et ennuyeux du côté européen, quelques politiques sortent du rang bras dessus-bras dessous avec quelques grandes entreprises. Comme le dogme de la croissance  a la vie dure, il semble urgent d’agir, et la pression est forte à proximité des urnes. Tant pis si certains historiens ont estimé la croissance mondiale annuelle de 0,1% durant les 1700 premières années de notre ère ! Dans cette hypothèse la croissance de ces derniers 150 ans ne serait que l’exception qui confirme la règle (et les arbres ne poussent toujours pas jusqu’au ciel). En attendant, quel curieux paradoxe que ces entreprises françaises du secteur de l’énergie (Areva, Total, Alstom entre autres) qui, n’arrivant plus à se développer en France depuis la fin des Trente Glorieuses, font un carton à l’international. Ont-elles boudé la France ou est-ce la France qui les boude ? A l’exemple des fermes solaires et autres projets éoliens ou hydroliens qui pullulent outre-Mer. A l’exemple des projets d’exploitation de gaz de schiste en Pologne ou au Royaume-Uni. Ainsi l’une des stars du pays du fromage (Total) s’en va-t-elle transformer l’Est de l’Angleterre (East Midlands) en gruyère ! Ceci dit l’affaire n’est pas totalement réglée, et le Prime Minister en personne a dû revoir son offre de compensation locale à la hausse. Arrivera-t-il à acheter le silence des riverains ? Rappelons que nos voisins grand-bretons ont aussi accès à YouTube et ont pu apercevoir le film de Josh Fox – qui ne fait pas que de la science-fiction. On pourra toujours envoyer José Bové sur le terrain et ainsi consolider l’entente cordiale entre nos deux pays ! David C. l’accueillerait chaleureusement, n’en doutons pas…

La poule aux oeufs d’or a également bien été vendue au pays du chou et du charbon, la Pologne (à ne pas confondre avec son voisin l’Allemagne, pays du charbon et de la pomme de terre). Un tier des réserves d’Europe se trouverait dans le sous-sol du pays de Copernic. Total aurait quelques projets de gruyériser (ou d’emmentaliser ?) une partie du territoire polonais. Il faut bien rappeler cette différence cruciale entre l’exploitation de gaz conventionnel (à savoir un seul forage par gisement) et de gaz de schiste (une multitude de trous comme dans certains fromages), ainsi que l’attestent les photos des champs gaziers aux Etats-Unis. Notre trouyauteur national et ses confrères américains et italiens se sont vus proposer des conditions économiques et fiscales incroyablement alléchantes (comparées à ce qui se pratique ailleurs) de la part des autorités locales. C’est dire l’appétit polonais mêlé d’insouciance, le rêve national d’indépendance énergétique à court terme (vis-à-vis de l’encombrant « cousin » Russe) sans oublier les difficultés chroniques de l’emploi en particulier dans l’Est du pays !

Retour en France. Les déboires s’accumulent pour notre French connection. Tous les acteurs de l’énergie connaissent une série de problèmes. Qu’il s’agisse du discrédit nucléaire (Fukushima n’est pas prêt d’être une « affaire classée »), de la valse-hésitation des énergies nouvelles ou encore de la déplorable image des hydrocarbures de tout poil (pas de fumée sans feu). Pendant ce temps la facture énergétique, chez les particuliers comme pour les entreprises, continue de grimper alors même que les revenus des uns et des autres ne progressent plus comme avant. Alors à quelle croissance s’attendre, avec de tels fondamentaux, au pays de la French Connection ? La « galère » de notre pays est-il un cas isolé ou un exemple parmi d’autres, extrapolable au monde entier ?

Laurent

* Investissements Directs à l’Etranger

2 réflexions sur “The French Connection

  1. Bravo pour vos articles, très bien écrits et sur des sujets très intéressants, continuez comme cela, … au passage votre rythme de production m’impressionne. Côté energie, en ce qui nous concerne nous sommes en train d’opter pour la diversité (PAC, poëles et radiateurs electriques nouevle génération, ….)

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