Les gens dans l’enveloppe

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Les gens dans l’enveloppe, c’est l’histoire pudique et singulière d’une famille Française, comme il en existe tout autour de nous. Mais ce qui la rend unique, c’est le regard bienveillant de l’auteure, qui en fait un objet d’étude, de rêverie et d’enquête tout à la fois.

Rien n’est plus universel que les photos d’une famille. Cadrages un peu ratés, papiers peints à motifs, scènes de camping, l’émotion nait du caractère à la fois banal et unique des ces scènes de la vie de tous les jours.

En 2012, Isabelle Monnin achète sur internet un lot de 250 photographies anonymes. Aucune explication ne les accompagne mais on suit à travers les clichés la vie de plusieurs membres d’une famille. La petite fille en particulier, est souvent seule avec des personnes plus âgées. Où est sa mère ? Fascinée par les possibilités littéraires qu’elle entrevoit, l’auteure décide d’écrire un roman en inventant la vie de ces personnages. Ainsi naissent Laurence, la petite fille au pull-over rayé, sa mère Michelle et son père Serge, Mamie Poulet.

Alex Baupain, son ami, auteur de la bande son des Bien-Aimés et des Chansons d’amour, lui propose de composer des chansons à partir du roman qu’elle va écrire.

Ainsi se dessine peu à peu l’histoire rêvée d’une femme qui aime couper les virages sur son cyclomoteur, et a envie de vivre intensément. Laurence, petite fille solitaire, attend le retour de sa mère, partie en Argentine avec son amant sous la dictature.

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Isabelle Monnin raconte la même histoire vue sous l’angle de chaque personnage. Défilent alors les années 70 puis 80, dans les mêmes tons jaunis que les photos de l’enveloppe.

Mais rapidement, elle s’interroge : a-t-elle le droit de publier ces photos ? Les gens ne vont-ils pas en prendre ombrage, se sentir trahis dans leur intimité ?

Les gens dans l’enveloppe est un drôle de concept, moitié roman, moitié enquête, conte musical même, avec les chansons d’Alex Beaupain.

Grâce au clocher du village sur une photo, Isabelle Monnin réussit le pari incroyable de retrouver les gens des photos. La seconde partie du livre est son journal, qui retrace sa rencontre avec la vraie famille. Laurence s’appelle vraiment Laurence, coïncidence troublante et sa mère est bien partie, mais pas en Argentine. L’auteure dresse un portrait émouvant de ses personnages, devenus réalité, avec en toile de fond la tristesse de la disparition de sa propre soeur. La recherche d’Isabelle est aussi une aventure intérieure, à la recherche de ses propres racines. Comment grandit-on ? De quoi est-on nourri à l’âge adulte, si ce n’est de son enfance ? Elle explore l’arbre généalogique de la famille de Clerval comme si c’était le sien, avec autant d’émotion et de retenue.

On découvre, bouleversantes sur les chansons, les voix de Laurence et de sa mère, qui reprennent Emilie Jolie et les Mots bleus de Christophe. Deux chansons qui ont marqué leur vie d’autrefois. Rien de plus émouvant que de les entendre, appliquées, chanter le projet fou d’Isabelle et Alex.

L’auteure a réussi le pari de faire de ce livre, un objet littéraire fantasque et de donner la parole à des gens dont la vie réelle est finalement plus romanesque encore que son imagination. On s’attache aux vraies personnes plus qu’à leurs doubles de l’histoire. C’est toute l’humanité d’Isabelle Monnin d’avoir porté sur eux ce regard plein de tendresse.

Christèle

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