C’est de la merde !
Jean-Pierre Coffe, c’était son cri du coeur, un cri sincère qui ne saurait mentir. Alors que l’importance accordée aux repas n’a fait que diminuer (en part du budget total des ménages, et en temps consacré à préparer les repas et à les ingurgiter), Jean-Pierre était de ceux qui se révoltaient contre la fatalité et la médiocrité. Loin des actuels Top Chefs et autres cuisiniers bling bling, il a su militer pour la bonne bouffe, en commençant par régler ses comptes à la malbouffe ! En se mettant dans la peau d’un rééducateur culinaire pour toutes les bourses…
On ne souviendra de son dégoût théâtral face à une tranche de jambon digne des aliments synthétiques du film l’Aile ou la Cuisse. On se souviendra aussi de ses conseils simples et remplis de bon sens, comme le fait de consommer des produits de saisons (plutôt que de se ruiner à contre-courant des rythmes naturels et de la consommation de produits locaux).
Jean-Pierre Coffe nous laisse un héritage. Il ne tient qu’à chacun, du journaliste gourmand au consommateur responsable, bon père/bonne mère de famille, de reprendre le flambeau du parler et manger vrai. Ensuite, libre à chacun de se spécialiser voire, par conviction personnelle, de s’enfermer dans tel ou tel dogme alimentaire, ou de suivre telle ou telle mode, des locavores aux « végans » en passant par les crudivores.
Il y a aussi de la place pour les partisans du bio, ceux qui veulent réconcilier la santé, le social (dont le sort des agriculteurs) et la planète terre. Ceux pour qui, à l’heure des déficits et des dettes sociales (dont sanitaires), rester en bonne santé ne coûte pas plus cher que toutes les dépenses de santé liées à la malbouffe chronique. Il y a ces « pros » de la diététique, qui passent leur temps à bien réfléchir à leur équilibre alimentaire. Sans oublier les pratiquants du jeûne, que plusieurs religions – non sans raison – ont voulu inscrire dans leurs livres sacrés.
En toute circonstance, ne gâchons pas le plaisir des « bons vivants ». A la manière de Jean-Pierre Coffe, soyons curieux de tout, considérons aussi l’alimentation comme un rite culturel, pas une perte de temps ! Réapprenons la diversité culinaire, le partage d’une forme de créativité, loin des incontournables linéaires de la grande distribution.
Laurent