Vous l’avez certainement croisé dans les rues. Le Glouton, ou plutôt Glutton. Le street glutton, c’est la « solution de nettoyage écologique ». Qui « améliore la propreté des villes ». Et grâce auquel, on peut l’imaginer à terme, des villes totalement électrifiées, avec camions-poubelles et autres utilitaires bruyants mis au placard. Des villes moins polluées, plus respirables, plus propres, plus silencieuses… Ouf !

Mais ce que l’histoire ne dit pas, c’est qu’avec ce type d’équipement, dûment référencé au catalogue de l’UGAP (centrale d’achats de la sphère publique), c’est l’emploi de proximité qui se trouve déjà menacé. Les arguments clés du Glouton et confrères tournent autour des gains de productivité (temps passé divisé par 4, selon des utilisateurs en région lyonnaise) et de la sempiternelle pénibilité. Car s’il n’y a pas de sot métier, il faut bien avouer que le balai et la brouette n’attirent plus grand monde dans notre pays si douillet.

Malgré son coût (approximativement 16 000€), le Glouton est rapidement amorti. Comme l’est le remplacement d’une équipe de manœuvres par une machine programmable ou, mieux, un robot. L’heureux pilote du Glouton, croisé ce matin, n’est peut-être pas sorti de Saint Cyr ou de l’X, mais selon lui le calcul est vite fait. Et tant pis si la plupart des départs en retraite ne seront pas remplacés… Astuce très habile pour masquer la destruction effective d’emplois !

Dans la fonction publique territoriale, les derniers des Mohicans attendent avec nervosité le jour où la version 2  du « nettoyeur écologique » (en mode autopilot) arrivera. Ce jour-là, ce sera la fin de ces emplois publics « d’une autre époque ».

Laurent