C’est chaque fois la même chose, lors d’une page de pub. Des produits de luxe, un peu d’alimentaire… et de l’automobile. La pub télé est une chasse gardée des grands annonceurs, car la minute coûte « un bras ». Et l’on assiste sans quitter son canapé à un grand défilé de mode. Bon an mal an, les voitures sont toujours à l’honneur, entre SUV, citadines ou encore berlines so stylish. Seulement il manque toujours quelque chose au décor : la toile de fond est vide. Circulation plus de fluide ! On se croirait dans un film de science-fiction après l’apocalypse. Mais où sont donc passées les autres voitures ?

Mais où sont les (autres) voitures ?

Certes, il faut bien valoriser le produit. Alors rien de tel que des rues résolument désertes. Comme si l’actuelle maire de Paris avait pris tout le pouvoir, poursuivant à l’extrême sa chasse à la bagnole. Laissant seulement les annonceurs et leurs publicitaires tourner des films promotionnels. Quand on connaît la fréquentation réelle des villes, c’est un sacré tour de force que d’arriver à filmer des rues désertes. Mais on peut compter sur la technologie pour faire le vide.

Il est vrai qu’à l’heure des jeux vidéos hyperréalistes et des autres mondes virtuels, le téléspectateur lambda peut vite se faire happer par une publicité bien léchée, proprette à souhaits. Au fond, la publicité n’est que le reflet d’une société hyper-individualiste. Seule la pulsion consumériste compte, et après lui, le déluge. Le narcissisme pousse à une surenchère de « moi d’abord » et cela n’a rien de très nouveau. Et puisqu’il faut faire rêver le consommateur, gommons vite toutes les imperfections de la ville : bruit, surfréquentation, etc.

Dès lors, le décor se doit de rester à la fois ultra-moderne, en milieu urbain, et très dépouillé, faisant le vide des autres véhicules et réduisant à la portion congrue les piétons, pour ne pas effrayer le chaland ! A chaque page de pub, nous entrons dans une espèce de berceuse, un monde idéal, utopique et innocent.

Laurent