Le pain de l’égalité

L’égalité semble être un sujet un peu dépassé. Dépassé par l’actualité des temps modernes, alors même qu’explosent les inégalités. Et puis il y a longtemps que l’égalité a été ringardisée, se faisant voler la vedette par sa voisine l’équité. L’équité qui semble plus accessible voire plus réaliste que l’égalité. N’en déplaise – par exemple – aux partisans de l’égalité hommes-femmes. Pourtant, l’égalité n’a pas dit son dernier mot !

Parlez-en à votre boulanger… Justement, chez certains boulangers français, l’égalité est resté un argument de vente. Connaissez-vous le pain de l’égalité ? Une sorte de pain de campagne à base de blé,  d’orge et de châtaigne ? Sa recette remonterait à la Révolution française. Du temps où la Terreur s’installa, refusant tout compromis avec le passé, avec l’Ancien régime.

Qu’on se souvienne qu’à l’époque, la tradition voulait que seuls quelques privilégiés mangent du pain blanc, perçu par la plupart des gens comme un luxe. Pendant ce temps-là, c’est la majorité du peuple français qui se nourrissait de pain noir.

Atelier-Boulanger-2

Le pain de l’égalité, c’est l’histoire d’un décret de 1793. Un exemple parmi tant d’autres de la coercition, de la violence avec laquelle bien souvent le pouvoir politique gouverne. Ainsi en novembre 1793 il fut décrété que « la richesse et la pauvreté devant également disparaître du régime de l’égalité, il ne sera plus composé un pain de fleur de farine pour le riche et un pain de son pour le pauvre », et que « tous les boulangers seront tenus, sous peine d’incarcération, de faire une seule et bonne espèce de pain, le pain de l’égalité. »

Du bon pain ou la prison

On ne rigolait donc pas avec la notion d’égalité ! Mais aujourd’hui encore l’injustice peut facilement prendre aux tripes. L’égalité reste un sujet passionnant, voire passionnel ! La fureur populaire rejaillit régulièrement, notamment lorsqu’une partie de la société semble abuser de ses prérogatives. Lorsqu’il flotte un sentiment d’abus et que le compte n’y est pas. D’après le site France Pittoresque, la situation était particulièrement critique en cette fin de XVIIIème siècle, marquée par la disette et par d’importantes difficultés au plan alimentaire.

Aujourd’hui, si les inégalités n’ont pas disparu, la disette a fortement reculé dans notre pays. La sous-nutrition a souvent été remplacée par soi les excès soi la malnutrition. Mais au rayon de certaines boulangeries sensibles à l’Histoire, le pain de l’égalité a gardé sa place sur les étals. Sa composition, notamment basée sur la farine de châtaigne, nous rappelle aussi ce temps où la forêt pourvoyait généreusement aux besoins alimentaires. Le recours à l’orge, quant à lui, nous ramène à un temps où le blé n’était pas encore la céréale reine d’une agriculture intensive. Avant que le blé ne soit préféré au dépens d’autres céréales (seigle, orge, épeautre…)

Laurent

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