Le Suisse Jean Ziegler n’a aucun doute sur le fait qu’aucun système oppresseur ne peut être amendé, amélioré, réformé. Il s’appuie sur l’histoire, sur le passé. Qu’il s’agisse du féodalisme d’avant 1789 ou du colonialisme, aucun système reposant sur un déséquilibre du pouvoir ne peut être réformé. Jusqu’à sa chute. Même constat pour le fascisme ou le communisme, d’ailleurs. Chaque système, chaque idéologie est bien trop bornée pour accepter une quelconque remise en cause ! La négociation n’est pas envisageable avec un système dominant. Pas de compromission, et chaque fois, l’hubris est aux commandes.

Mais cette analyse s’oppose radicalement à une croyance partagée et souvent documentée. Le capitalisme aurait une incroyable faculté à se réinventer, à évoluer, en mode darwinien. En somme, seul le capitalisme, avec toute l’énergie de la concurrence, de la si belle liberté entrepreneuriale, englobant le vaste génie humain, serait immortel. On le sait trop, il a gagné par K.O. Les partisans de Schumpeter et sa destruction créatrice en savent quelque chose ! Tout porte à croire, ou presque, que le capitalisme détiendrait une intelligence supérieure, plus respectable que nul autre mode d’organisation économique.

Le capitalisme, en mode accéléré, vaniteux et inconscient, est en train de détruire la planète tandis qu’un pan entier de l’humanité connaît encore la famine. Certes d’autres systèmes ont leur part de responsabilité. Mais le grand gagnant de la compétition des systèmes économiques s’est imposé au monde entier, y compris dans des espaces « non démocratiques ». L’OMC, le FMI ou encore le plan Marshall ont été la cheville ouvrière de ce système irréductible.

Pour combien de temps encore ?

Laurent