Y a-t-il une vie après l’expat ?

Expatriation : luxe moderne aux contours aussi flatteurs que flous. Lubie des jeunes ou moins jeunes cadres dynamiques. Et aussi, de plus en plus, horizon rêvé par une foule de jeunes diplômés. D’accord, mais l’expatriation est-elle une fin ou un moyen ? Et surtout, y a-t-il une vie après l’expatriation ?

Une observation « terrain », permet d’affirmer avec assez peu de risque d’erreur que l’expatriation recouvre des réalités assez contrastées. D’un côté, des épisodes courts, façon « mission éclair » ou « dépannage managérial ». De l’autre, des épisodes à la fois plus longs et répétitifs.

Destination ou destin ?

Alors, dans le tourbillon de la mobilité, l’expatrié, toujours prêt (comme chez les scouts) reste à l’affût du changement, tous les matins. Souvent aussi, il doit tenir sa famille en état de vigilance, pour une nouvelle aventure dont l’ordre de mission peut tomber à tout moment.

A l’heure du télétravail et du commuting à géométrie variable, à l’heure aussi des cellules familiales protéïformes, l’expatriation semble faire totalement partie du décor. A l’image de nos jeunes années, de ces césures dont raffolent bon nombre d’étudiants en quête de sens et d’expériences. A tel point que l’expatriation, qui paraissait autrefois être une « parenthèse spéciale » personnelle et professionnelle, semble de plus en plus normale, voire banale !

petit-nuage

Mais s’il est bien un phénomène assez peu banal, c’est bien le retour d’expatriation. Entendre par retour le fait de revenir d’où l’on était parti, que ce soit la France ou bien n’importe où sur terre. Car au bout de quelques mois, parti à l’étranger, il est évident que l’on ne voit plus du tout les choses comme avant. Qu’il s’agisse de nos relations intimes (famille, amis) ou de nos représentations individuelles et collectives (quelle est notre identité, celle de notre pays ?)

Et là, boum ! Sans réel préavis, sans sas de décompression, on se retrouve les deux pieds sur terre et pas n’importe quelle terre… Celle qui était la nôtre, avant. On connaît tous le cliché du « retour à Paris », à Roissy ou dans le RER. On connaît aussi le blues des touristes japonais en état de choc psychologique face au décalage insupportable entre leurs représentations et la réalité. On peut joyeusement extrapoler, en milieu urbain ou rural. Alors pour des français, des autochtones pur jus, est-ce si difficile de rentrer chez soi ?

Au fond, il suffit peut-être d’un peu de temps. Une amie américaine avait vécu une « lune de miel » en France, lors d’un échange universitaire à Lyon. Elle a reconnu que, pour sa part, il lui avait fallait presque huit mois pour se remettre de son retour dans sa Pennsylvanie natale. Et elle n’avait pourtant passé que six mois en France ! Soit bien moins longtemps qu’une tranche moyenne d’expatriation !

Alors pour peu que l’on se soit vraiment éclaté hors de nos frontières, que l’on ait apprécié une nouvelle forme de liberté d’action et d’expression (ce blog en est la preuve vivante…), et pour peu qu’on ait, au cours de ces années ailleurs, fait des rencontres aussi galvanisantes que chamarrées… plus dur sera la chute ? Plus longue sera la guérison ?

Finalement là est peut-être la question. Le dilemme entre le souvenir et l’oubli. La question perturbante de l’amitié, bien loin des considérations matérialistes et des stratégies professionnelles. Au XXIème siècle, les chantres d’Internet sont toujours prêts à venir nous consoler et nous offrir leurs services. Et de temps en temps, quelques récidivistes ou d’anciens combattants de l’expat nous portent une attention bienveillante.

Mais certainement, il faut apprendre à redescendre sur terre, après ce long épisode sur un petit nuage ! Il faut tourner la page, chantait Nougaro. Quoiqu’il arrive, il faut aussi garder fièrement le livre de notre vie, à proximité ! Il nous suivra fidèlement, où que l’on soit…

Laurent

4 réflexions sur “Y a-t-il une vie après l’expat ?

  1. Salut Laurent, j’espère que ce dernier article ne vient pas d’une nostalgie ou d’un coup de blues après ton passage en Pologne et que ta nouvelle vie à Lyon se passe bien. Par l’occasion je te souhaite ainsi qu’à Elodie et aux enfants une très bonne année 2017. Pas de regret, je t’assure, ici à Varsovie on a eu des -20 °c et une constante de -13°C en journée depuis 1 semaine, et en plus on bat des records de pollution, bien supérieur qu’à Pekin et en Chine en général. A bientôt, peut être en 2017, à Lyon ou à Varsovie….Bruno

  2. On sent le vécu! Oui, il faut du temps pour digérer quelque événement quil soit qui change notre quotidien et l’expatriation n’en fait pas exception. Bon retour!
    Bises
    Céline

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