Le paradoxe norvégien

La Norvège, légendaire champion du monde de l’égalité hommes-femmes, est une énigme aux yeux du reste du monde. Et pourtant 90% des infirmiers sont des infirmières et une écrasante majorité d’hommes occupent les postes de techniciens et d’ingénieurs. Camilla Schreiner, rigoureuse et dévouée autour de cette question scientifique, a essayé de voir s’il y a un lien entre le développement économique et social d’un pays et la répartition des professions par genre. Selon cette chercheuse d’Oslo, plus un pays est moderne et moins les femmes s’intéressent aux métiers traditionnellement « masculins » ! Alors pour l’égalité parfaite hommes-femmes, il faudra revenir attendre, même en Norvège !

Interrogées par un journaliste de la télévision locale, les dames de l’hôpital expliquent préférer leur métier car elles « peuvent parler » et, surtout, s’occuper des autres. On ne leur enlèvera pas que leurs chances de parler s’amoindriront ailleurs, entourées de machines, d’ordinateurs. Surtout à l’heure du « lean manufacturing » et de la robotisation galopante…

Il est de coutume de croire que tout est la faute au conditionnement social, idée très présente au siècle dernier ! A relier au concept de l’acquis et à la culture. A moins que notre nature profonde, issue d’une longue évolution génétique, n’ait conduit à cette situation si différenciante. Par accumulation d’évolutions successives de nos gènes, par l’influence de la chimie hormonale et du câblage électrique de notre cerveau…

égalité

Au Trinity College de Cambridge, en Angleterre, le Professeur Simon Barn Cohen (cousin de Sasha), a étudié le comportement visuel du nouveau-né, un jour après leur naissance. Il a pu constater que bien avant toute influence familiale – sous le sapin de Noël ou chez Toys »R »Us – les petites filles étaient davantage attirées par un portait photographié, tandis que les petits garçons l’étaient davantage par les représentations mécaniques. Selon cet éminent chercheur, tout se joue intra-utero. La faute à nos hormones. Ainsi les fœtus mâles ayant les plus hauts niveaux de testostérone seraient les plus lents à savoir parler et à établir de contacts visuels ! D’autres chercheurs émettent l’hypothèse que l’homosexualité serait également liée aux hormones au début de la vie. Ce qui pourrait expliquer la grande sensibilité (notamment artistique) de nombreuses personnes « gay ».

Mais sur le paradoxe norvégien, le débat reste vif. D’éminents chercheurs s’opposent farouchement, avec la froideur rationnelle qui les caractérise, comme si l’honneur de leur groupe de référence était en jeu. Il n’empêche qu’à l’image de quelques penseurs un peu zébrés, nous pouvons nous demander si l’on n’a pas un peu abusé, depuis quelques décennies, jusqu’à construire un véritable mythe égalitaire ? Reconnaître la différence et la complémentarité homme-femme, n’est-ce pas rendre justice à un certain ordre naturel ? Un ordre peut-être élastique ou variable, mais un fait universel, évident.

Laurent

Brainwash: The Gender Equality Paradox

 

2 réflexions sur “Le paradoxe norvégien

  1. L’attrait de la mécanique, la faute aux hormones? En tant que fille qui répare des bécanes, je doute… Et je doute surtout que des nouveaux nés, quelque soient leur sexe, soient plus attirés par un portrait ou par la mécanique (spécialement lorsque l’on sait qu’un jour après la naissance, un bébé ne voit pas plus loin que 20 cm 😉

    • Je doute donc je suis. Les avis scientifiques (voir la vidéo pour se faire une idée…) sont évidemment à relativiser. Evidemment toutes les filles ne sont pas hyperféminines (au sens où l’entendent les hommes) ni tous les hommes hyper-dopés (naturellement ou artificiellement) à la testostérone. Pas à Oslo qu’à Buenos Aires. Le débat nature/culture (dont les stages de réparation de bécanes, les cours de cuisine, le souvenir des habitudes familiales) ne sera jamais tranché, et c’est tant mieux…

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